lundi 11 mai 2009

Appel à l’amour :

Dans nos contrées africaines et islamiques, des cadeaux timides s’échangent entre les initiés. Les roses rouges se vendent à des prix exorbitants dans les marchés de fleurs alors que les tulipes, d’une fraîcheur douteuse, nous rappellent que nous ne sommes pas si loin de l’Europe. Seules les vitrines des chocolatiers présentant des cadeaux en boîte sous forme de cœurs rouges, blancs et roses, se parent vraiment.Une fête du sentiment est-ce que nous en avons besoin ?Une étrange polémique à laquelle participent les uns et les autres.A en entendre certains programmes des chaînes satellites du côté est, Satan serait directement responsable de l’origine païenne des festivités en question. Des fatwas sont prêtes pour l’occasion, toute personne vendant une rose rouge, offrant une rose rouge ou recevant une rose rouge commet un pêché gravissime.Un peu plus loin, du côté de l’occident où le pêché n’est pas une préoccupation majeure, certains accusent la fête du sentiment d’être commercialisée à tort, vu la somme importante d’argent qui y est dépensée. Chose qui ne nous concerne pas étant donné que cet argent à dépenser, nous ne l’avons pas.Donc, pour nous entre satanique et commerciale, l’accusation porte ses fruits. Comment est-ce qu’on peut fêter en une journée l’amour, alors que nous ne l’éprouvons pas et si nous l’éprouvons, nous nous en cachons soigneusement. Comment parler d’amour alors que la haine est prête à nous entraîner à jamais et pour cela tous les ennemis sont bons, les réels et les irréels.A regarder les visions cauchemardesques des informations qui nous harcèlent matin et soir, dans ce monde, il n’y a pas de place pour « l’amour » précédemment qualifié de « sentiment ».L’amour entre un homme et une femme, l’amour platonique, l’amour fraternel, l’amour maternel, l’amour paternel, toutes ces amours là, nous avons 364 jours pour les célébrer et pour cela nous n’avons pas besoin d’une fête unanime, dit-on.On dit beaucoup de choses. Ce qu’on tait, c’est que nous avons de plus en plus de cœurs arides et secs qui ne sont jamais arrosés. La preuve, c’est que dans notre dictionnaire dialectal, très peu de lexique est réservé à l’amour. Pour exprimer ce mot, on a recours aux dictionnaires de langues étrangères qui nous prêtent galamment des expressions toutes faites qui nous empêchent de trahir notre héritage.Il est temps d’aimer, aimer dans toutes les langues. Il est temps de s’aimer pour avoir confiance en soi. Il est temps d’apprendre à nos enfants à aimer pour qu’ils soient équilibrés. Il est temps d’aimer son prochain pour ne plus regarder avec mépris les pauvres qui se font de plus en plus nombreux.Nos enfants sont frustrés, nos jeunes sont frustrés, nos adultes sont frustrés dans le sens psychologique du terme. Nous avons soif d’affection. Nous sommes un peuple qui a soif d’affection, nous, maghrébins, spécialement. Inutile d’en culpabiliser l’islam qui n’a jamais sous-entendu pareille chose. Inutile de culpabiliser les colons qui, chez eux, chantent et idolâtrent Venus. Inutile de culpabiliser Kaïs et Leila qui étaient les victimes de leur propre histoire. C’est plutôt notre fermeture hermétique à l’autre, à celui qui est différent.S’il faut qu’une fête païenne nous rappelle notre besoin d’aimer, alors, tirons-en profit !Hadbaa Elfatemi
sours : http://www.lachronique-online.com/article_1519.html

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